mercredi 25 février 2015

Souveraineté alimentaire



La Via Campesina et ses alliés organisent 

le Forum international sur

 l´Agroécologie orientée vers la Souveraineté alimentaire

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - La Via Campesina



Bamako, le 19 Février 2015

     Plus de 200 délégués, parmi eux, des paysannes et des paysans, des agriculteurs familiaux, des artisans pêcheurs, des pastoralistes, des peuples autochtones, des travailleurs agricoles, des consommateurs, des organisations de citoyens pauvres, des ONG, des universitaires et d´autres mouvements sociaux, se réuniront dans le Centre Nyéléni, au Mali, entre le 24 et le 27 février, pour participer au premier Forum international sur l´agroécologie. Ce forum a lieu à un moment où le monde fait face à une crise économique, où le climat est en train de changer et la Terre Mère est agressivement exploitée par un modèle d’entreprise mortifère et l´accaparement illicite des terres.
Pour La Via Campesina, l´agroécologie est capitale pour l´humanité, puisqu´elle permet plus d’autonomie et offre une vie meilleure pour les petits producteurs d’aliments. Elle produit des aliments sains, offre une base solide pour la souveraineté alimentaire et garantit à la population rurale de vivre en harmonie et de soigner notre  Terre Mère.

     L´agroécologie, par les paysans et les petits producteurs d’aliments, est considérée comme un modèle de vie, grâce à des fermes avec des paysans, des producteurs d’aliments avec leurs ressources productives, des communautés rurales avec des familles, des champs avec arbres et forêts.
Selon Ibrahim Coulibaly, leader de la Coordination nationale des Organisations paysannes (CNOP) au Mali, “ce forum fournira des réponses pratiques menant à des solutions expliquant comment l´agroécologie peut sauver la planète de la faim et du changement climatique”.
Les coorganisateurs du forum  sont conjointement avec La Via Campesina, les organisations suivantes : More and Better/Plus et Meilleur (MaB), Movimiento Agroecológico de América Latina y el Caribe/Mouvement Agro écologique de l´Amérique Latine et du Caraïbe (MAELA), Réseau des organisations paysannes et des Producteurs de l´Afrique de l´Ouest (ROPPA), World Forum of Fish Harvesters and Fishworkers/Forum Mondial des Pêcheurs et des Travailleurs de la pêche (WFF), World Forum of Fisher Peoples/Forum Mondial des Artisans Pêcheurs (WFFP) et World Alliance of Mobile Indigenous Peoples/Alliance mondiale des Peuples autochtones nomades (WAMIP).

     Le forum du Mali a pour objectif l´échange de connaissances locales et du savoir-faire des paysannes et des paysans, de partager les innovations des  paysans et des petits producteurs d’aliments, d’échanger du matériel didactique et des processus développés dans les territoires, afin de relever les défis visant la construction d´un système alimentaire écologique et socialement équitable, tout en créant des liens et des synergies entre les différentes organisations de petits producteurs alimentaires, les mouvements sociaux et autres organisations promouvant l´agroécologie.






lundi 23 février 2015

Changer de croyances pour changer le monde



Marc de la Ménardière
Réalisateur du film "En quête de sens"


Dans le même esprit nous vous conseillons d'aller visiter le site de "Reporterre" (lien direct dans la rubrique "les blogs qu'on suit").







mercredi 4 février 2015

Le Climat - Discours 12 - 4ème partie



Partie 4 : Sobriété 



     Sobriété : n.f. Comportement d’une personne sobre. Qualité de quelqu’un qui se comporte avec retenue. Qualité de ce qui se caractérise par une absence d’ornements superflus. 

     La simplicité volontaire ou sobriété heureuse est un mode de vie consistant à réduire volontairement sa consommation, ainsi que les impacts de cette dernière, en vue de mener une vie davantage centrée sur des valeurs définies comme « essentielles ». Cet engagement personnel et/ou associatif découle de multiples motivations qui vont habituellement accorder la priorité aux valeurs familiales, communautaires et/ou écologiques.
Nous avons, à partir des éléments et publications scientifiques disponibles, présenté les causes et effets du changement climatique et traduit ce que serait le paysage de demain sur notre planète et plus localement autour de nous. Bien sûr, aucune science n’est exacte et l’avenir ne se prévoit pas toujours avec précision. Des surprises climatiques sont aussi attendues. Bonnes ou mauvaises ? L’évidence est tout de même qu’il faut se préparer au changement et pour très bientôt.
     Rappelons aussi que ce discours est écrit en utilisant les prévisions les plus optimismes. Donc un réchauffement et un bouleversement climatique « moyen ». Ce scénario optimiste, c’est dans le cas ou notre civilisation devient « sobre » aujourd’hui. Tous les éléments proposés dans ce discours s’aggraveront à la mesure de notre capacité d’aujourd’hui à évoluer ou non vers la sobriété.
Nous sommes tous personnellement concernés, car Demain (2050) nous seront encore sur Terre. Nous sommes tous personnellement concernés car Demain (2100) nos enfants seront encore là sur Terre… 

     L’impact humain qui provoque l’amplification du changement annoncé est principalement dû aux pollutions atmosphériques occasionné par les émissions de Dioxyde de carbone et de Méthane (nous dirons majoritairement) : Les gaz émis par l’industrie, les gaz d’échappement de nos véhicules, les produits indus à la fabrication du ciment, la fabrication de pesticides et d’engrais agricoles, la production de plastiques etc. La liste est longue. Pour un écologiste, ce qui se passe aujourd’hui est cristallisant. C’est injuste d’en arriver là. De cesse et depuis des décennies, les associations de protection de l’environnement tirent la sonnette d’alarme et sont pris pour des rabat-joies. Ils sont entendus aujourd’hui ! Encore plus la protection de l’environnement est aujourd’hui un enjeu majeur. Même s’il nous semble que les actes ne sont pas évidents à constater. Mais rappelez-vous du Discours n°11 – Mouton !
     Nous sommes invités aujourd’hui par la planète, à vivre plus sobrement !
Si nous faisons partie de ceux qui ont appris à vivre plus simplement ; pour des raisons éthiques ou pour des raisons économiques. La sobriété est un mode de vie qui va devenir générale à la majorité des humains sur terre. Bien sûr il y en aura toujours à faire moins et toujours à faire plus. Il faudra s’en contenter. Voyons maintenant ce qu’en pratique ce que doit être aujourd’hui notre schéma de vie. Afin de préserver notre planète d’une éventuelle amplification de changement climatique, mais aussi pour guérir des maux qui impactent notre environnement, … notre écosystème.
Décarbonage ! Une économie moins émettrice en CO2 !
     Si nos modes de déplacement sont des facteurs important dans l’émission de CO2, ils ne sont pas les seuls. Mais rappelons le, nos véhicules ne produisent pas tous les mêmes quantités de CO2 en roulant. Lors de l’achat d’un véhicule, il est important de s’orienter vers des véhicules « propres » et de faible consommation. Il est aussi possible de varier son mode de transport : achat de véhicules en collectif, voiture en favorisant le covoiturage, transport en commun, vélo et marche à pied. Si ces habitudes ont pris place dans notre société (notamment pour des raisons économiques) elles sont encore à augmenter.
     Émettre moins de carbone, c’est aussi satisfaire sa consommation en réfléchissant au trajet qu’a effectuer le produit que l’on achète, en observant la quantité et la qualité de son emballage, en réfléchissant et en questionnant le fournisseur sur les modes de fabrication (et ce qu’il contient), en s’interrogeant sur sa duré de vie, son recyclage etc. bref, en consommant, nos choix influent sur l’émission de gaz à effet de serre. Ces habitudes vont
devenir quotidiennes. Aussi aujourd’hui nous allons acheter notre alimentation mais aussi la grande majorité de ce qui fait nos achats, localement, au plus près de son lieu de vie. Cela va réduire considérablement les déplacements de marchandise et certainement la quantité et la régularité de nos achats. Car acheter l’indispensable est aussi un choix sur la surconsommation. Vivre sobrement, c’est acheter « léger », mais rassurez vous, vous n’en serrez pas plus malheureux ! La frustration de départ va très vite s’atténuer.

     L’apprentissage et le partage de savoir faire sont aussi source de « décarbonage » de l’atmosphère. Apprendre à tricoter, faire son potager, cuisiner plutôt que d’acheter le « tout-fait » « près à cuire » ! C’est aussi bon pour la planète et le climat ! Devenir autonome pour ce qui nous devient des besoins réguliers est une habitude que nous allons reprendre en main. A la cuisine, l’habitude se prend vite d’acheter en « vrac » ses ingrédients de base. Et de plus en plus de citoyens s’organisent à plusieurs pour acheter « en gros » du riz, de la farine, du sucre etc. les GASE (Groupements d’Achats Solidaires et Équitables) se développent. Ils permettent de lier nos habitudes avec des producteurs locaux, d’obtenir des produits attractifs en terme de qualité et de prix, de limiter le coût et la production d’emballages avec le conditionnement « en gros », de réduire les frais (et le bilan CO2) de transport, etc. c’est d’ailleurs comme cela que sont nées les coopératives BIOCOOPs qui se sont bien développées en villes.
     Finalement, consommer autrement, c’est porter un autre regard dans les échanges mondiaux. Porter un autre regard sur la dépendance sur d’autres pays. Ce qui renvoie aussi aux pillages et aux exploitations des pays (et de leurs habitants) d’où nous tirons profit. Consommer autrement c’est aussi revoir notre relation avec l’argent. L’argent qui domine le « pouvoir » d’achat. Consommer autrement c’est aussi affronter les lobbies ou le TAFTA. Consommer autrement c’est en fait refaire le partage des richesses. La lutte contre le changement climatique aura donc bien d’autres conséquences positives ! 

     L’émission de gaz à effet de serre baisse en France. -15% en 18 ans ! Cette bonne nouvelle est le fruit de l’engagement pris par la France en 1997 via le protocole de Kyoto. Mais cette bonne nouvelle cache l’empreinte carbone de la consommation de Français, qui elle, a augmentée de 5%. La faute aux « made in china » (écrans plats par exemple) ou aux imports de soja pour nourrir les animaux d’élevage. Cela illustre bien la nécessiter de changement de la façon de consommer et de produire.
     L’empreinte carbone c’est la quantité de carbone émise par une activité ou une organisation. C’est un indicateur qui caractérise la pression exercée par une population en termes d’émissions de gaz à effet de serre en fonction de son mode de vie. Le calcule couvre ce qui est émis directement et indirectement. C’est donc lié à la production et au transport de ce qui est consommé (biens ou services). Ce qui nous rapporte à notre dépendance
actuelle envers d’autres pays (produits et services exportés). L’émission de gaz à effet de serre, c’est la production de gaz émis dans l’atmosphère par une activité ou une organisation. 

     Lutter contre le changement de climat c’est aussi une évolution dans la politique économique d’un pays. 6 milliards d’euros seraient dépensés chaque année dans le secteur du transport pour défiscaliser et favoriser la consommation en gazole : transporteurs, taxis, agriculteurs. Les effets du Diesel sur la santé (42000 morts en France) doivent d’autant plus décourager ces politiques. Lutter contre le changement climatique c’est aussi prévenir de certains risques sur la santé humaine. Nos modes de consommations influent sur les nécessités de perfuser ces filières ! C’est aux citoyens d’influer dans leurs comportements de consom-acteurs  ! Le pouvoir politique est aussi dans notre porte monnaie. Une politique doit aussi s’engager pour mettre en place une véritable fiscalité écologique si les résultats se font attendre (ou pour éviter d’attendre le résultat !). Une politique énergétique doit aussi favoriser les filières d’énergie renouvelable en locale (on consomme ce que l’on produit localement). Mais notre « consommation responsable », en limitant nos consommations énergétiques est la mesure la plus efficace !
     Grosso modo, l’implication citoyenne fera beaucoup plus qu’un simple projet de loi. Il est important pour le citoyen, d’impulser la bonne direction aux politiques. Les principes d’exemples ou de désobéissances civiques seront moteurs ! 

     Des mesures de bon sens se mettent en place dans notre société. L’eau, une ressource sensible va faire l’objet de nouveaux modes de collecte de traitement et d’usage. La lutte contre l’érosion et l’artificialisation des sols, ainsi que les modifications agricoles en terme de pratique et de variétés cultivées sont aussi primordiale pour satisfaire les besoins et l’autonomie alimentaire (qui avec les migrations de population, vont augmenter en France). Il va falloir redessiner les infrastructures sur les côtes (stations balnéaires, digues, routes) et préserver les protections naturelles (dunes, marais). Les villes, principale habitat de l’homme sur terre (près de 80% de la population mondiale vit en ville), doivent être remodelées. L’autonomie vivrière va s’inscrire dans le programme des collectivités. Redistribuer les champs dans les campagnes avec un grand programme de Réforme Agraire et une politique Agroécologique va se voir un discours politique entendu !!
Mais au vu des avancées mondiales sur les mesures éco-responsables espérées, notre capacité d’adaptation au changement climatique fera résilience. Nous l’avons entendu dans les précédentes parties de ce discours, les températures moyennes de notre planète vont augmenter de +3°c à +4°c d’ici 2100 (scénario optimiste et réaliste). A notre projet de vie sobre et heureuse, va s’ajouter un objectif de résilience. La résilience est l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de façon satisfaisante en dépit des circonstances
traumatiques. Notre nouvelle société (ou civilisation) va se construire en s’adaptant au choc climatique pour éviter la disparition de l’humanité.
     
     Sobre et résilient, deux qualités humaine de l’homme d’aujourd’hui pour s’adapter à demain. On observe déjà aujourd’hui, chez une certaine partie de la population cet apprentissage de vie, ou le bonheur, l’amour, l’amitié ou la générosité ne sont plus attachés à la notion économique. Les réseaux COLIBRIS, initié par la génération Pierre Rabhi ou les expérimentations menées par les « zadistes » qui vivent et luttes en intelligence contre un monde qui s’accapare le vivant, sont une belle illustration que notre société est en grande reconstruction.
     L'accélération financière et technologique (la croissance), déconnectée du rythme de l’homme, mène notre système à l'épuisement et vers des catastrophes tout à la fois écologiques, économiques et sociales. Le « bon sens » de l’économie, basé sur la Croissance va évoluer vers le modèle de la « décroissance ». L’ « urgence de ralentir », le documentaire de Philippe Borrel montre bel et bien qu’aller a contresens du modèle dominant, par les alternatives citoyennes, construit le monde de demain. Le marcher de l’emploi va évoluer car le chômage va s’accroitre et accroître le temps disponible des citoyens. Lutter contre le chômage est inutile et vain. Notre société est en pleine mutation et évidement toutes les logiques sautes. Le sens même du travail est rediscuté aujourd’hui. On discute de Revenu de Base et d’occupation rémunératrice complémentaire. Et pourquoi pas de multi-activité solidaires. 

     Ce discours n’est pas tendre, j’imagine les doutes et les peurs qui ont envahis vos regards aux lectures des trois premières parties. Mais, vous voyez, votre optimisme est revenu ! Nous assistons à la naissance d’un nouveau monde. Et ce n’est ni du rêve ni de la science fiction. Les abus et les « contre-sens » du monde passé, ont illustré leurs dérives par le changement climatique. Retroussons nos manches et dessinons aujourd’hui la charpente de Demain. Car c’est avec nos enfants que nous allons construire ce monde. Et faire en sorte qu’il soit meilleur. 


(À suivre…) 


Mikael HARDY, Ecole Paysanne 35
(décembre 2014)

Le Climat - Discours 12 - 3ème partie



Partie 3 : Demain la France 



     L’inconnu fait peur et la peur est un fléau qui repli sur soit. Nous ne devons pas avoir peur et garder notre optimiste. Car cet optimiste va nous être nécessaire pour changer nos modes de vie. Aussi, après avoir compris les changements climatiques qui sont en route. Après avoir compris que notre destin personnel est en fait lié au destin collectif. Nous devons nous rassembler pour étudier notre DEMAIN. Maintenant que vous avez mieux compris que l’écriture collective sera plus profitable, et que la peur de Demain a disparue, essayons de comprendre ce que la France de Demain peut être.
      Comme les pays de l’ensemble du globe, notre pays a connu des variations climatiques. Ils existent (et existeront) toujours. Demain ils seront différents car nous vivons différemment.
En France, la température moyenne a augmenté de +1°c au 20ème siècle. C'est-à-dire une augmentation plus importante que la moyenne mondiale (+0.8°c). C’est normal, nous sommes sur un continent. Et sur un continent les températures augmentent plus que sur les océans. La température a gagné +1.1°c au Sud Ouest du pays. Alors qu’au Nord Est, la moyenne a augmenté de +0.7°c. Les réchauffements sont plus important la nuit que pendant la journée.
     Les scientifiques pensent que les événements extrêmes ont été en augmentation et de plus en plus violent ce dernier siècle (tempêtes de 87, de 90, de 99 ou de 2009 par exemple). Les hivers sont de plus en plus humides et de plus en plus doux (2013/2014 a été 1 des 3 hivers les plus doux depuis 1900). Cela va continuer. Et ce serait bien dû au changement du climat.
Les étés connaissent régulièrement des vagues de fortes chaleurs (en été 2003, augmentation des moyennes de +3/+4°c). Cela va devenir la norme.
     
     Notre environnement évolue en conséquence. Les glaciers des montagnes recules (ils fondent !) et les dates de floraison des vignes (et bien d’autres plantes !) sont de plus en plus précoces. Les couvertures neigeuses changent. Il devient de plus en plus « nécessaire » d’utiliser des canons à neige pour assurer la saison des skis.
D’ici 2050 nous gagneront +1.3°c en moyenne (+2°c dans le Sud Est l’été). Toutes les saisons seront plus chaudes. Cela est acquit, car cela dépend des émissions de CO2 passés. Pour l’après 2050, tout dépend de notre faculté à faire baisser notre production de CO2 actuellement (mais pas en France, dans le monde entier – nous dépendons des autres, les autres dépendent de nous). (Si on ne change rien, d’ici 2071-2100 le réchauffement moyen en France atteindra +3.6°c en hiver et +5.3°c en été (avec des canicules de +8°c !).)
     Si on change radicalement nos mode de vie (c'est-à-dire une vie plus sobre, moins dépendante des énergies fossiles), les hausses de températures atteindraient +0.9°c en hiver et +1.3°c l’été. Ce qui déjà ne passera pas inaperçu !
Coté précipitation, il pleuvra autant en automne qu’en hiver. En Bretagne nous allons gagner +5% en précipitation. Les printemps et étés seront plus chaud et plus sec. On peut deviner qu’il n’y aura que 2 saisons. Voire tomber de la neige en France va devenir rare.
Le débit des rivières va changer. Il baissera plus fortement qu’aujourd’hui l’été et montera plus fortement l’hiver.
     Les réserves d’eau des nappes souterraine (l’eau potable) vont diminuer partout en France. D’autant plus qu’il y aura de plus en plus recours a l’irrigation pour les cultures.
Le niveau de la mer va s’élever de 26 cm à 82 cm d’ici 2100. Mais cela va varier en région suivant plusieurs facteurs (température de l’océan, courants marins, etc.). Sur la côte le risque d’inondation va être plus élevé. La France sera même le pays d’Europe le plus touché par les inondations sur les côtes. 

     En agriculture, les gelées moins fréquentes et les stresses hydriques sont des facteurs qui vont devenir très influents. Le sud de la France va pouvoir voire ses rendements céréales baisser de 40%. Moitié nord, la production des blés va pouvoir être plus favorable (notamment avec l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère ce qui favorise la croissance des végétaux). Le maïs ne sera sans doute plus cultivable dans le Sud Ouest. Dans le Nord les conditions seront propices à la culture de : colza, tournesol, pomme de terre, orge, sorgho. Il va falloir avancer les dates de semis et de récolte des blés et utiliser des variétés de cycle plus long d’ici 2030. La lutte contre maladies, parasites et adventices va être plus loquace. Le vin va changer de goût et va évoluer vers des goûts plus sucré et moins acide. Mais dans le sud, peu à peu il sera de moins en moins possible à la vigne de résister aux sécheresses. Pour lutter il faut greffer aujourd’hui les vignes (et autres fruitiers) sur les portes greffes résistants à la sécheresse et travailler sur les couverts du sol. Pour l’élevage attention aux coups de chauds. Les maladies par exemple type fièvre catarrhal chez les moutons seront favorisées.
De même pour les maladies transmissibles par les tiques.
      La forêt française va profiter du changement climatique (grâce au CO2 dans l’atmosphère notamment). Mais les risques de feu de forêt seront accentués dans le sud. Sur la façade atlantique, les risques de tempêtes augmenteront. Certaines habitudes de plantations sont à changer aujourd’hui pour favoriser des espèces moins sensibles aux éléments du changement. En Bretagne on annonce la disparition du Chêne pédonculé. D’autres espèces comme le chêne vert ou le chêne pyrénéen prendront peu être le relais. Le châtaignier sera aussi de plus en plus sensible aux changements. Le pommier risque d’être touché lui aussi.
Nos plantations d’aujourd’hui peuvent être déterminantes pour le paysage de demain !
L’activité touristique devra évoluer dans les prochaines années. Les loisirs « nature » devront s’adapter aux paysages et aux météos changeantes.
Une région comme la Bretagne va se voire de plus en plus attractive. Car son climat sera plus « confortable » que dans la moitié sud du pays. Mais la Bretagne ne sera pas assez grande pour accueillir tout le monde. Car il faudra bien conserver de l’espace pour produire la nourriture. 

La Biodiversité en plein changement ! 

     La Biodiversité en France va s’appauvrir ? Le Muséum d’Histoire Naturel (MHN) et son Service Patrimoine Naturel (SPN) viennent de sortir en octobre 2014 un rapport sur « le changement climatique et les réseaux écologiques – point sur la connaissance et piste de développement ». Ce document présente les informations sur les capacités d’adaptation de la biodiversité face au changement climatique.
Depuis toujours, la météorologie et le climat influent sur l’écologie et la biologie des espèces animales et végétales. De nombreuses espèces sont très dépendantes des températures et de l’hygrométrie.
- Les homéothermes sont des espèces dont la température corporelle est constante.
Par exemple, les amphibiens régulent la température de leur corps au moyen de la chaleur extérieure (le soleil par exemple). Ils rentrent en léthargie à l’ abri quand les températures extérieures ne permettent plus cette régulation.
- Les hétérothermes comme la marmotte, rentrent en hibernation à la saison hivernale car ils ne trouvent plus de nourriture. ils cessent de réguler leur température volontairement pour économiser leurs réserves métaboliques. Les marmottes
« s’endorment » pour passer la mauvaise saison.
- Les poïkilothermes ne peuvent pas réguler la température de leur organisme. Ces espèces comme les chauves souris (ou tous les invertébrés) plongent en léthargie quand la température de leur environnement est trop basse.
- La flore n’adapte pas sa température. Quand la température extérieure n’est plus adaptée, elle ne peut plus croître (et vivre). Les plantes sont annuelles quand elles accomplissent leur cycle entier (de la germination à la reproduction) dans 1 saison avant de mourir. Elles sont bisannuelles dans le cas ou ce cycle s’étale sur 2 saisons (avec un repos en hivers). Elles sont enfin vivaces quand elles ne s’arrêtent pas de se développer sur plusieurs saisons. Dans les 3 cas, elles sont tout de même limitées sur un écart entre une certaine température minimum et une température maximum de leur environnement extérieur. Elles meurent quand les températures extérieures dépassent ces écarts.
     
     Pour évoluer dans l’espace, les animaux se déplacent en fonction de plusieurs paramètres. Bien sur certains volent, certains marchent, certains rampent mais d’autres facteurs sont nécessaires à leurs déplacements.
- L’environnement : les milieux aquatiques ou terrestres sont des facteurs de déplacements. Si un poisson veut sortir de sa mare, il ne peut le faire tout seul ! un écureuil peu sortir de son bois et traverser un champ pour atteindre un autre bois.
Mais l’écart entre les 2 bois ne peut être trop important.
- La nourriture : les animaux pour se déplacer on besoin de réserves en nourriture tout le long de leur cheminement de déplacement.
- La saison : les animaux sont formâtés par les saisons notamment les périodes de reproductions. A cette période cruciale pour la survie de l’espèce, certaines conditions sont nécessaires. Ce ne sera pas les mêmes qu’a la période de repos hivernale.
- La météo : une journée de pluie va contraindre certains insectes par exemple, de rester à l’abri. Un batracien sera plus de la sortie quand il pleut !
     
          Pour évoluer dans l’espace, les plantes ont recours à des intermédiaires. Un chêne ne se déplace pas. Ce sont ses fruits qui seront déplacés par, par exemple, un oiseau comme le geai des chênes. Mais la propagation des glands ne se fera utile qu’à la saison ou ils sont « murs ».
Ainsi la répartition des espèces est influencée par la météo et le climat. Chacun pousse ou évolue suivant les conditions qui lui sont nécessaires pour leur cycle de vie. La météo et le climat définissent aussi leurs interactions avec les autres espèces. Car un animal a besoin d’un autre animal ou d’une plante pour se nourrir. On voit alors que les changements de météo et de climat vont influer sur la biodiversité dans son ensemble. Certaines espèces (la majorité) vont devoir déplacer leur aire géographique. Pour cela ils devront trouver les conditions nécessaires à ce déplacement. Depuis des millénaires cela a été le cas. Le changement problématique aujourd’hui est dans la rapidité d’adaptation climatique que les espèces pourront développer. Un effet de retard est particulièrement mis en évidence pour certaines espèces moins mobiles. Des espèces dites spécialisés (a des conditions particulières de milieux et de conditions de vie) vont être plus impactées. Les espèces à petits effectifs (espèces rares) sont encore plus vulnérables. Des espèces risquent donc de disparaître. Mais c’est l’ensemble des chaînes alimentaires qui vont peut être changées. En effet devant la disparition de certaines proies, certains animaux prédateurs s’attaqueront à de nouvelles espèces pour se nourrir. L’ensemble du réseau écologique va être bouleversé rapidement. Les écosystèmes vont changer !
     Des espèces « exotiques » colonisent certains milieux depuis plusieurs dizaines d’années. Si ces espèces ont généralement été introduites par l’homme (sous forme accidentelles le plus souvent), les changements climatiques leurs sont généralement favorables. Ces espèces devraient petit à petit prendre une grande place dans notre biodiversité au détriment des espèces endémiques (dites locales). Il va nous falloir s’adapter car ces espèces généralement envahissantes vont modifier nos habitudes.
     
     En résumé le changement climatique va faire évoluer la biodiversité sur la physiologie (photosynthèse, respiration, évapotranspiration), la phénologie (rythmes du cycle de vie), la distribution géographique, les effectifs de population, la génétique (adaptations). Sur les habitats vont évoluer avec les sécheresses, la variation du niveau des eaux et mers, les conditions des eaux et des sols (eutrophisation, PH), l’enneigement et la fonte des glaciers, les catastrophes naturelles (inondations, tempêtes, incendies), l’érosion des cotes etc.
Un gros handicape est de plus que notre environnement est très dégradé aujourd’hui. L’environnement est de plus en plus fragmenté avec l’activité humaine (principalement l’agriculture intensive et l’urbanisation). Les corridors ont disparus par endroit. Nous appelons corridors, les voies (« routes ») empruntées par la vie sauvage pour se déplacer. Ces corridors sont des éléments de végétation (le plus souvent) qui permettent de faire le lien entre les milieux recherchés par les espèces pour leurs déplacements. Aussi les haies bocagères sont des corridors. Mais à plus grand échelle sur le territoire, les forêts, les zones humides, les friches le sont aussi ! Ces corridors offre la possibilité de résistance et de résilience à la biodiversité.
     La protection de la biodiversité, la restauration des corridors et des milieux sensibles, mais aussi des milieux dits « banales » (que l’on a oublié ces dernières années, ex : le bocage) vont devenir des enjeux encore plus importants pour répondre aux effets du changement climatiques sur les écosystèmes et donc sur l’environnement de vie de l’espèce humaine. Mais les scientifiques évoquent aussi le recours à des méthodes de migrations assistées pour sauver certaines espèces (pour éviter leur disparition).
Si les corridors doivent être protégés et reconstruits, il nous faudra respecter 2 modèles pour qu’ils interviennent efficacement suivant la théorie de Demain : protéger la biodiversité avec sa répartition actuelle, et celle de demain : Deux types de corridors peuvent alors cohabiter : des corridors « pour le présent », basés sur la liaison de milieux cohérents actuellement, et des corridors « pour le futur », basés sur le déplacement modélisé par le climat de demain.
Les corridors, c’est aussi l’agriculture de demain. Elle doit impérativement prendre les rennes pour protéger la biodiversité et les écosystèmes, les restaurer, les diversifier, tout en produisant une alimentation diversifié et de qualité. Les fondamentaux de la Permaculture et de l’Agroécologie paysanne doivent aujourd’hui guider les nouvelles politiques agricoles et économiques !

     Encore plus la protection de l’environnement, la lutte contre les pollutions et l’artificialisation des terres et l’étude naturaliste et scientifique vont devenir des enjeux majeurs pour se préparer à Demain. La convergence entre les différentes énergies du monde citoyen doit aujourd’hui devenir prioritaire. Se retrousser les manches oui, mais en cohérence et ensemble !
     Les écoles paysannes sont une voie intéressante pour converger paysans, citoyens, naturalistes et scientifiques, et le monde de l’artisanat et de l’industrie. Tous les hommes de terrain doivent travailler ensemble et en cohérence. Si des idées nouvelles doivent fleurir, nous avons depuis plusieurs décennies, les clefs pour se préparer à demain. Encore plus aujourd’hui, il est urgent de les enclencher pour avancer positivement vers l’avenir.
Préparer l’avenir, c’est aussi préparer nos enfants. Si des efforts importants doivent être fournis au monde des adultes, l’éducation et l’enseignement de nos enfants doivent aussi changer. Les liens et le respect entre les humains et leurs différences sont des valeurs des plus importantes. « L’amour de son prochain » sera un bouclier contre toutes les difficultés de notre siècle ! 

(À suivre…) 


Mikael HARDY, Ecole Paysanne 35
(décembre 2014)