dimanche 26 octobre 2014

L'Agroécologie - 1ère Partie - Discours 5


Un retour citoyen vers l’Agroécologie

Discours n°5



« L’Agroécologie : une méthode agronomique efficace, une éthique, une esthétique au service de l’humain et de la nature. » ( Pierre Rabhi)


La préservation de la terre nourricière devrait faire l’objet d’une attention prioritaire au niveau mondiale. On entend parler de grands sommets, de grenelles, de lois, mais le cheminement n’a clairement pas aboutit à des règles inter communautaire. La terre nourricière disparaît petit à petit sur toute la surface du globe et avec elle, sa biodiversité, ses ressources et ses défenses.
Entre 2005 et 2010, la surface agricole a perdu 227 200 hectares en France, soit la superficie du Luxembourg récupérée au profit du bétonnage et de zones commerciales. (source Sophie chapelle – bastamag 18/04/14)


Il y a bien des causes à l’intensification de cette destruction. L’homme a cru régner en maitre au dessus d’un « support » qui lui a semblé inépuisable tellement notre planète était généreuse.
Malheureusement, l’humain se fragilise face au massacre qu’il a lui-même engendré. On s’aperçoit aujourd’hui que sans ces richesses, l’homme ne peut tout simplement pas vivre. Nous sommes nombreux aujourd’hui à comprendre, que l’homme détruit lui-même son écosystème. Ce qui amène à penser que l’être humain doit retrouver sa place d’être vivant sur cette terre.


L’une des principales causes de la disparition de la terre nourricière est belle et bien le modèle agricole que nous avons façonné en moins d’un siècle. Et bien oui ! Le désastre accomplit s’est accéléré de manière fulgurante il y a très peu de temps. Ce Modèle actuel de l’agriculture est de plus une injustice sociale !
En France en 2014, la moitié de la surface agricole utile est aujourd’hui exploitée... par 10 % des plus grandes exploitations (source Sopihie Chapelle – bastamag 7/04/14)


Pour comprendre (chose qui est accessible à chacun d’entre nous qui veut y être attentif), il ne faut pas remonter le temps trop loin en arrière puisque c’était hier…
Avant-hier tout d’abord, l’homme vivait dans une société vivrière. Il a été chasseur cueilleur. Sans mesurer son impact, il épuisait les ressources d’une aire géographique de vie et n’y revenait que lorsque la nature s’était régénérée. Cela demandait beaucoup de temps, mais l’homme était nomade et habitué à se déplacer. Et puis surtout, la population humaine sur la planète était beaucoup plus faible qu’aujourd’hui. L’impacte était donc moindre.
Puis l’homme d’hier s’est sédentarisé. Il s’est mis à défricher pour mettre en culture la terre. On parle alors d’une agriculture vivrière. Une agriculture destinée à l’auto suffisance alimentaire de l’homme. L’impact de l’homme était en équilibre avec les ressources naturelles.


La population humaine n’a depuis cessé d’augmenter sur la planète et nous sommes aujourd’hui plus de 7 milliards en 2014. Face à cette démographie, l’homme a ces dernières années cherché des solutions pour produire vite et beaucoup.
L’aire d’une agriculture intensive à débuté principalement dans les années 1950, après la seconde guerre mondiale. C’est donc un phénomène très très récent (moins de 100 ans) si l’on fait comparaison avec l’apparition du genre homo sapiens il y a environ 2.4 millions d’années.
C’est aussi l’aire ou débute les échanges mondiaux de marchandises, facilités par les progrès techniques. Les échanges de nourriture entre continents se sont développés. L’objectif : produire plus et à moindre cout… moindre pour les pays riches. Car si les pays « riches » comme la France, profite de ce système marchand, c’est au détriment de pays « plus pauvres ». Quand l’on produits à moindre cout des denrées alimentaire dans les pays pauvres, c’est au détriment de certaines populations qui eux subisses et travaillent pour nous nourrir. De plus, pour accroitre les productions dans ces pays, nous avons modifié les pratiques agricoles des paysans et donc affaiblis leurs moyens de subsistance.
Si l’on regarde globalement la situation d’aujourd’hui, une petite partie de la population mondiale, exploite à son profit, une grande partie de la population mondiale. Le parallèle s’établit de même quand à la pression effectuée sur la terre nourricière : on exploite intensivement une majorité de la surface planétaire, au profit d’une petite partie de la population mondiale.
Cette situation n’est donc plus durable !
La situation agronomique de notre planète est très préoccupante ! L’érosion du sol, dû à l’usage de fertilisants chimiques ou autres pesticides, résulte d’un appauvrissement de la biodiversité vivant dans les différentes couches terrestres de la terre nourricière. Les bactéries et la faune des sols disparaissent, empoisonnés. Ce sont eux qui nourrissent les plantes cultivées par la transformation de la matière organique. Ils sont partie intégrante de l’écosystème des sols
Les haies et talus qui préservaient des crues ont été arrachées pour favoriser l’intensification des pratiques sur de plus grandes surfaces. Ces barrières végétales jouent pourtant un rôle bien reconnu par le plus grand nombre d’entre nous. Mais chaque hiver on observe encore la disparition des maillages bocagers. Ces haies jouent aussi un rôle important de corridors écologiques. Elles dessinent des autoroutes communicantes pour la biodiversité et préservent le brassage génétique des espèces animales et végétales.
La question de la ressource en eau potable est récurrente ces dernières années. Les intrants appliqués sur les cultures se retrouvent dans les rivières et dans les nappes phréatiques (70% des ressources en eau sur la planète (32.4% en Europe) sont utilisés pour l’irrigation des cultures – source : ministère de l’agriculture). Pour l’alimentation humaine, les moyens techniques de traitement de l’eau pour sa potabilisation ne parviennent plus à atteindre les objectifs sanitaires fixés. Enfin, le problème des algues vertes, qui gêne pour l’activité touristique sur nos cotes, ne cache plus les problèmes de la disparition de la biodiversité des mers et océans déjà bien affectés par la pêche intensive.
Enfin, on connaît aussi un réel problème de santé publique (de l’espèce humaine). La qualité des aliments produits par l’agriculture intensive s’en retrouve diminuée par des résidus de pesticides mais aussi par une valeur nutritionnelle (vitamines, minéraux etc.) moindre.
Le morale des hommes est aussi attaqué par cette politique d’intensification des pratiques agricoles, qui dévalue le rôle que joue le paysan à produire une alimentation (et un environnement) de qualité pour ces concitoyens. La motivation de ces hommes doit être relancée par un programme politique basé sur des fortes valeurs humanistes et éco citoyennes.
Pour recréer un équilibre planétaire, du point de vue humain et écologique (je dirais même agronomique), il est donc urgent que chaque pays réapprenne son auto-suffisante alimentaire. L’Agroécologie en est la solution !
L’Agroécologie c’est l’utilisation respectueuse des ressources offertes localement par la nature. C’est se réapproprier l’essentielle philosophie: vivre dans son écosystème en garantissant sa protection, car celle-ci entraine notre survie. L’homme doit donc retrouver sa place « d’être vivant » sur la planète.
Quelles en sont les règles ? Elles sont simples. L’Agroécologie tire toute son importance dans la protection du sol vivant. La terre nourricière n’est plus un support de culture, elle devient un organisme vivant avec qui l’on compose pour faire fructifier par exemple une culture. Avec le respect de la terre, c’est aussi la vie que l’on respecte. Il y a donc une dimension sociale dans l’Agroécologie. Respecter le vivant c’est respecter la biodiversité, les éléments, et aussi et surtout respecter … l’homme. L’Agroécologie c’est une éthique !
Pour appliquer l’agroécologie comme éthique agricole au niveau mondial, nous avons lourde tache. Mais la France n’est elle pas une terre aux valeurs de fraternité. Pour rappel, « fraternité » c’est l’expression de solidarité et d’amitié qui unit une fratrie. Notre devoir de citoyen français doit donc s’appliquer à cette tache de solidarité. Si un pays comme la France peut s’appliquer aux pratiques de l’agroécologie sur son sol, elle redeviendra plus fraternelle envers les citoyens et paysans qui nous nourrissent et que nous exploitons actuellement dans certains pays. Ces derniers pourrons retrouver eux même le chemin de l’agroécologie que nous leurs avons enlevé. Ainsi, peut être ouvrirons nous la voie à une politique mondiale plus fraternelle…


Que se passera t’il si nous restons aveugle et refusons se choix, car c’est un choix que nous devons prendre ensemble. Il ne se peut pour garantir un changement, se substituer au changement de pratiques et d’éthique de quelques individus dans notre pays et sur terre (c’est un changement global de cheminement social qui aura un impact). Et bien nous avons à penser que les richesses de notre planète s’amenuisant, la population mondiale risque de souffrir de pénurie alimentaire rapidement. Les pays sur peuplés ou n’ayant que très peu de ressources seront les premiers touchés. Les famines risqueront de soulever les hommes les uns envers les autres. Il parait donc logique, raisonnable de s’appliquer à ce changement. Nous avons de plus la chance d’avoir des femmes et des hommes pour ouvrir la voie de ce changement. Ceux là, aux noms d’ONG diverses, expérimentent, pratiquent l’agroécologie depuis plusieurs années. Les résultats sont probants.


En 2012, le journaliste Philippe Baqué présente son analyse sur la production biologique mondiale dans son livre « la BIO, entre business et projet de société ». Selon lui « 40 million d’ha sont certifié en agriculture biologique en 2012 sur la planète. Les 2/3 sont en prairie pour la filière élevage. Le reste de la surface est majoritairement affecté aux cultures de soja, d’huile de palme, de blé ou de quinoa. Ces marchandises sont cultivées pour l’export (pour le Japon, l’Europe ou l’Amérique du nord) dans des pays où les habitants de ceux-ci ne les consomment pas (Amérique latine, Asie, Afrique). En 2012 en France, 50% des produits bio sont vendus en grande surface et proviennent de l’agriculture biologique intensive. » . Toujours selon lui, la bio suit le chemin du conventionnel (intégration, monoculture intensive). « L’agriculture bio ne peut être que paysanne. Si elle est livrée à l’industrialisation, elle ne fera qu’accélérer la disparition du monde paysan ». (Source : Bastamag, Sophie Chapelle, décembre 2012)
Le grand pas vers l’agriculture biologique, n’est donc pas suffisant et il faut encore modifier notre comportement social si l’on veut vraiment progresser.


Nous pouvons donc nous assurer aujourd’hui, qu’une réforme agraire, menant une politique agroécologique, est une réel ambition vers un nouveau mode de société et qu’elle garantira un modèle social et environnementale propre à la survie et la dignité de l’homme sur terre.

Mikaël HARDY, Ecole Paysanne 35

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