Partie 3 : Demain la France
L’inconnu
fait peur et la peur est un fléau qui repli sur soit. Nous ne devons
pas avoir peur et garder notre optimiste. Car cet optimiste va nous être
nécessaire pour changer nos modes de vie. Aussi, après avoir compris
les changements climatiques qui sont en route. Après avoir compris que
notre destin personnel est en fait lié au destin collectif. Nous devons
nous rassembler pour étudier notre DEMAIN. Maintenant que vous avez
mieux compris que l’écriture collective sera plus profitable, et que la
peur de Demain a disparue, essayons de comprendre ce que la France de
Demain peut être.
Comme les pays de l’ensemble du globe, notre
pays a connu des variations climatiques. Ils existent (et existeront)
toujours. Demain ils seront différents car nous vivons différemment.
En
France, la température moyenne a augmenté de +1°c au 20ème siècle.
C'est-à-dire une augmentation plus importante que la moyenne mondiale
(+0.8°c). C’est normal, nous sommes sur un continent. Et sur un
continent les températures augmentent plus que sur les océans. La
température a gagné +1.1°c au Sud Ouest du pays. Alors qu’au Nord Est,
la moyenne a augmenté de +0.7°c. Les réchauffements sont plus important
la nuit que pendant la journée.
Les scientifiques pensent que les
événements extrêmes ont été en augmentation et de plus en plus violent
ce dernier siècle (tempêtes de 87, de 90, de 99 ou de 2009 par exemple).
Les hivers sont de plus en plus humides et de plus en plus doux
(2013/2014 a été 1 des 3 hivers les plus doux depuis 1900). Cela va
continuer. Et ce serait bien dû au changement du climat.
Les étés
connaissent régulièrement des vagues de fortes chaleurs (en été 2003,
augmentation des moyennes de +3/+4°c). Cela va devenir la norme.
Notre
environnement évolue en conséquence. Les glaciers des montagnes recules
(ils fondent !) et les dates de floraison des vignes (et bien d’autres
plantes !) sont de plus en plus précoces. Les couvertures neigeuses
changent. Il devient de plus en plus « nécessaire » d’utiliser des
canons à neige pour assurer la saison des skis.
D’ici 2050 nous
gagneront +1.3°c en moyenne (+2°c dans le Sud Est l’été). Toutes les
saisons seront plus chaudes. Cela est acquit, car cela dépend des
émissions de CO2 passés. Pour l’après 2050, tout dépend de notre faculté
à faire baisser notre production de CO2 actuellement (mais pas en
France, dans le monde entier – nous dépendons des autres, les autres
dépendent de nous). (Si on ne change rien, d’ici 2071-2100 le
réchauffement moyen en France atteindra +3.6°c en hiver et +5.3°c en été
(avec des canicules de +8°c !).)
Si on change radicalement nos
mode de vie (c'est-à-dire une vie plus sobre, moins dépendante des
énergies fossiles), les hausses de températures atteindraient +0.9°c en
hiver et +1.3°c l’été. Ce qui déjà ne passera pas inaperçu !
Coté
précipitation, il pleuvra autant en automne qu’en hiver. En Bretagne
nous allons gagner +5% en précipitation. Les printemps et étés seront
plus chaud et plus sec. On peut deviner qu’il n’y aura que 2 saisons.
Voire tomber de la neige en France va devenir rare.
Le débit des rivières va changer. Il baissera plus fortement qu’aujourd’hui l’été et montera plus fortement l’hiver.
Les
réserves d’eau des nappes souterraine (l’eau potable) vont diminuer
partout en France. D’autant plus qu’il y aura de plus en plus recours a
l’irrigation pour les cultures.
Le niveau de la mer va s’élever
de 26 cm à 82 cm d’ici 2100. Mais cela va varier en région suivant
plusieurs facteurs (température de l’océan, courants marins, etc.). Sur
la côte le risque d’inondation va être plus élevé. La France sera même
le pays d’Europe le plus touché par les inondations sur les côtes.
En
agriculture, les gelées moins fréquentes et les stresses hydriques sont
des facteurs qui vont devenir très influents. Le sud de la France va
pouvoir voire ses rendements céréales baisser de 40%. Moitié nord, la
production des blés va pouvoir être plus favorable (notamment avec
l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère ce qui favorise la croissance
des végétaux). Le maïs ne sera sans doute plus cultivable dans le Sud
Ouest. Dans le Nord les conditions seront propices à la culture de :
colza, tournesol, pomme de terre, orge, sorgho. Il va falloir avancer
les dates de semis et de récolte des blés et utiliser des variétés de
cycle plus long d’ici 2030. La lutte contre maladies, parasites et
adventices va être plus loquace. Le vin va changer de goût et va évoluer
vers des goûts plus sucré et moins acide. Mais dans le sud, peu à peu
il sera de moins en moins possible à la vigne de résister aux
sécheresses. Pour lutter il faut greffer aujourd’hui les vignes (et
autres fruitiers) sur les portes greffes résistants à la sécheresse et
travailler sur les couverts du sol. Pour l’élevage attention aux coups
de chauds. Les maladies par exemple type fièvre catarrhal chez les
moutons seront favorisées.
De même pour les maladies transmissibles par les tiques.
La
forêt française va profiter du changement climatique (grâce au CO2 dans
l’atmosphère notamment). Mais les risques de feu de forêt seront
accentués dans le sud. Sur la façade atlantique, les risques de tempêtes
augmenteront. Certaines habitudes de plantations sont à changer
aujourd’hui pour favoriser des espèces moins sensibles aux éléments du
changement. En Bretagne on annonce la disparition du Chêne pédonculé.
D’autres espèces comme le chêne vert ou le chêne pyrénéen prendront peu
être le relais. Le châtaignier sera aussi de plus en plus sensible aux
changements. Le pommier risque d’être touché lui aussi.
Nos plantations d’aujourd’hui peuvent être déterminantes pour le paysage de demain !
L’activité
touristique devra évoluer dans les prochaines années. Les loisirs «
nature » devront s’adapter aux paysages et aux météos changeantes.
Une
région comme la Bretagne va se voire de plus en plus attractive. Car
son climat sera plus « confortable » que dans la moitié sud du pays.
Mais la Bretagne ne sera pas assez grande pour accueillir tout le monde.
Car il faudra bien conserver de l’espace pour produire la nourriture.
La Biodiversité en plein changement !
La
Biodiversité en France va s’appauvrir ? Le Muséum d’Histoire Naturel
(MHN) et son Service Patrimoine Naturel (SPN) viennent de sortir en
octobre 2014 un rapport sur « le changement climatique et les réseaux
écologiques – point sur la connaissance et piste de développement ». Ce
document présente les informations sur les capacités d’adaptation de la
biodiversité face au changement climatique.
Depuis toujours, la
météorologie et le climat influent sur l’écologie et la biologie des
espèces animales et végétales. De nombreuses espèces sont très
dépendantes des températures et de l’hygrométrie.
- Les homéothermes sont des espèces dont la température corporelle est constante.
Par
exemple, les amphibiens régulent la température de leur corps au moyen
de la chaleur extérieure (le soleil par exemple). Ils rentrent en
léthargie à l’ abri quand les températures extérieures ne permettent
plus cette régulation.
- Les hétérothermes comme la marmotte,
rentrent en hibernation à la saison hivernale car ils ne trouvent plus
de nourriture. ils cessent de réguler leur température volontairement
pour économiser leurs réserves métaboliques. Les marmottes
« s’endorment » pour passer la mauvaise saison.
-
Les poïkilothermes ne peuvent pas réguler la température de leur
organisme. Ces espèces comme les chauves souris (ou tous les
invertébrés) plongent en léthargie quand la température de leur
environnement est trop basse.
- La flore n’adapte pas sa
température. Quand la température extérieure n’est plus adaptée, elle ne
peut plus croître (et vivre). Les plantes sont annuelles quand elles
accomplissent leur cycle entier (de la germination à la reproduction)
dans 1 saison avant de mourir. Elles sont bisannuelles dans le cas ou ce
cycle s’étale sur 2 saisons (avec un repos en hivers). Elles sont enfin
vivaces quand elles ne s’arrêtent pas de se développer sur plusieurs
saisons. Dans les 3 cas, elles sont tout de même limitées sur un écart
entre une certaine température minimum et une température maximum de
leur environnement extérieur. Elles meurent quand les températures
extérieures dépassent ces écarts.
Pour évoluer dans l’espace, les
animaux se déplacent en fonction de plusieurs paramètres. Bien sur
certains volent, certains marchent, certains rampent mais d’autres
facteurs sont nécessaires à leurs déplacements.
- L’environnement
: les milieux aquatiques ou terrestres sont des facteurs de
déplacements. Si un poisson veut sortir de sa mare, il ne peut le faire
tout seul ! un écureuil peu sortir de son bois et traverser un champ
pour atteindre un autre bois.
Mais l’écart entre les 2 bois ne peut être trop important.
-
La nourriture : les animaux pour se déplacer on besoin de réserves en
nourriture tout le long de leur cheminement de déplacement.
- La
saison : les animaux sont formâtés par les saisons notamment les
périodes de reproductions. A cette période cruciale pour la survie de
l’espèce, certaines conditions sont nécessaires. Ce ne sera pas les
mêmes qu’a la période de repos hivernale.
- La météo : une
journée de pluie va contraindre certains insectes par exemple, de rester
à l’abri. Un batracien sera plus de la sortie quand il pleut !
Pour
évoluer dans l’espace, les plantes ont recours à des intermédiaires. Un
chêne ne se déplace pas. Ce sont ses fruits qui seront déplacés par,
par exemple, un oiseau comme le geai des chênes. Mais la propagation des
glands ne se fera utile qu’à la saison ou ils sont « murs ».
Ainsi
la répartition des espèces est influencée par la météo et le climat.
Chacun pousse ou évolue suivant les conditions qui lui sont nécessaires
pour leur cycle de vie. La météo et le climat définissent aussi leurs
interactions avec les autres espèces. Car un animal a besoin d’un autre
animal ou d’une plante pour se nourrir. On voit alors que les
changements de météo et de climat vont influer sur la biodiversité dans
son ensemble. Certaines espèces (la majorité) vont devoir déplacer leur
aire géographique. Pour cela ils devront trouver les conditions
nécessaires à ce déplacement. Depuis des millénaires cela a été le cas.
Le changement problématique aujourd’hui est dans la rapidité
d’adaptation climatique que les espèces pourront développer. Un effet de
retard est particulièrement mis en évidence pour certaines espèces
moins mobiles. Des espèces dites spécialisés (a des conditions
particulières de milieux et de conditions de vie) vont être plus
impactées. Les espèces à petits effectifs (espèces rares) sont encore
plus vulnérables. Des espèces risquent donc de disparaître. Mais c’est
l’ensemble des chaînes alimentaires qui vont peut être changées. En
effet devant la disparition de certaines proies, certains animaux
prédateurs s’attaqueront à de nouvelles espèces pour se nourrir.
L’ensemble du réseau écologique va être bouleversé rapidement. Les
écosystèmes vont changer !
Des espèces « exotiques » colonisent
certains milieux depuis plusieurs dizaines d’années. Si ces espèces ont
généralement été introduites par l’homme (sous forme accidentelles le
plus souvent), les changements climatiques leurs sont généralement
favorables. Ces espèces devraient petit à petit prendre une grande place
dans notre biodiversité au détriment des espèces endémiques (dites
locales). Il va nous falloir s’adapter car ces espèces généralement
envahissantes vont modifier nos habitudes.
En résumé le
changement climatique va faire évoluer la biodiversité sur la
physiologie (photosynthèse, respiration, évapotranspiration), la
phénologie (rythmes du cycle de vie), la distribution géographique, les
effectifs de population, la génétique (adaptations). Sur les habitats
vont évoluer avec les sécheresses, la variation du niveau des eaux et
mers, les conditions des eaux et des sols (eutrophisation, PH),
l’enneigement et la fonte des glaciers, les catastrophes naturelles
(inondations, tempêtes, incendies), l’érosion des cotes etc.
Un
gros handicape est de plus que notre environnement est très dégradé
aujourd’hui. L’environnement est de plus en plus fragmenté avec
l’activité humaine (principalement l’agriculture intensive et
l’urbanisation). Les corridors ont disparus par endroit. Nous appelons
corridors, les voies (« routes ») empruntées par la vie sauvage pour se
déplacer. Ces corridors sont des éléments de végétation (le plus
souvent) qui permettent de faire le lien entre les milieux recherchés
par les espèces pour leurs déplacements. Aussi les haies bocagères sont
des corridors. Mais à plus grand échelle sur le territoire, les forêts,
les zones humides, les friches le sont aussi ! Ces corridors offre la
possibilité de résistance et de résilience à la biodiversité.
La
protection de la biodiversité, la restauration des corridors et des
milieux sensibles, mais aussi des milieux dits « banales » (que l’on a
oublié ces dernières années, ex : le bocage) vont devenir des enjeux
encore plus importants pour répondre aux effets du changement
climatiques sur les écosystèmes et donc sur l’environnement de vie de
l’espèce humaine. Mais les scientifiques évoquent aussi le recours à des
méthodes de migrations assistées pour sauver certaines espèces (pour
éviter leur disparition).
Si les corridors doivent être protégés
et reconstruits, il nous faudra respecter 2 modèles pour qu’ils
interviennent efficacement suivant la théorie de Demain : protéger la
biodiversité avec sa répartition actuelle, et celle de demain : Deux
types de corridors peuvent alors cohabiter : des corridors « pour le
présent », basés sur la liaison de milieux cohérents actuellement, et
des corridors « pour le futur », basés sur le déplacement modélisé par
le climat de demain.
Les corridors, c’est aussi l’agriculture de
demain. Elle doit impérativement prendre les rennes pour protéger la
biodiversité et les écosystèmes, les restaurer, les diversifier, tout en
produisant une alimentation diversifié et de qualité. Les fondamentaux
de la Permaculture et de l’Agroécologie paysanne doivent aujourd’hui
guider les nouvelles politiques agricoles et économiques !
Encore
plus la protection de l’environnement, la lutte contre les pollutions
et l’artificialisation des terres et l’étude naturaliste et scientifique
vont devenir des enjeux majeurs pour se préparer à Demain. La
convergence entre les différentes énergies du monde citoyen doit
aujourd’hui devenir prioritaire. Se retrousser les manches oui, mais en
cohérence et ensemble !
Les écoles paysannes sont une voie
intéressante pour converger paysans, citoyens, naturalistes et
scientifiques, et le monde de l’artisanat et de l’industrie. Tous les
hommes de terrain doivent travailler ensemble et en cohérence. Si des
idées nouvelles doivent fleurir, nous avons depuis plusieurs décennies,
les clefs pour se préparer à demain. Encore plus aujourd’hui, il est
urgent de les enclencher pour avancer positivement vers l’avenir.
Préparer
l’avenir, c’est aussi préparer nos enfants. Si des efforts importants
doivent être fournis au monde des adultes, l’éducation et l’enseignement
de nos enfants doivent aussi changer. Les liens et le respect entre les
humains et leurs différences sont des valeurs des plus importantes. «
L’amour de son prochain » sera un bouclier contre toutes les difficultés
de notre siècle !
(À suivre…)
Mikael HARDY, Ecole Paysanne 35
(décembre 2014)
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