mercredi 4 février 2015

Le Climat - Discours 12 - 3ème partie



Partie 3 : Demain la France 



     L’inconnu fait peur et la peur est un fléau qui repli sur soit. Nous ne devons pas avoir peur et garder notre optimiste. Car cet optimiste va nous être nécessaire pour changer nos modes de vie. Aussi, après avoir compris les changements climatiques qui sont en route. Après avoir compris que notre destin personnel est en fait lié au destin collectif. Nous devons nous rassembler pour étudier notre DEMAIN. Maintenant que vous avez mieux compris que l’écriture collective sera plus profitable, et que la peur de Demain a disparue, essayons de comprendre ce que la France de Demain peut être.
      Comme les pays de l’ensemble du globe, notre pays a connu des variations climatiques. Ils existent (et existeront) toujours. Demain ils seront différents car nous vivons différemment.
En France, la température moyenne a augmenté de +1°c au 20ème siècle. C'est-à-dire une augmentation plus importante que la moyenne mondiale (+0.8°c). C’est normal, nous sommes sur un continent. Et sur un continent les températures augmentent plus que sur les océans. La température a gagné +1.1°c au Sud Ouest du pays. Alors qu’au Nord Est, la moyenne a augmenté de +0.7°c. Les réchauffements sont plus important la nuit que pendant la journée.
     Les scientifiques pensent que les événements extrêmes ont été en augmentation et de plus en plus violent ce dernier siècle (tempêtes de 87, de 90, de 99 ou de 2009 par exemple). Les hivers sont de plus en plus humides et de plus en plus doux (2013/2014 a été 1 des 3 hivers les plus doux depuis 1900). Cela va continuer. Et ce serait bien dû au changement du climat.
Les étés connaissent régulièrement des vagues de fortes chaleurs (en été 2003, augmentation des moyennes de +3/+4°c). Cela va devenir la norme.
     
     Notre environnement évolue en conséquence. Les glaciers des montagnes recules (ils fondent !) et les dates de floraison des vignes (et bien d’autres plantes !) sont de plus en plus précoces. Les couvertures neigeuses changent. Il devient de plus en plus « nécessaire » d’utiliser des canons à neige pour assurer la saison des skis.
D’ici 2050 nous gagneront +1.3°c en moyenne (+2°c dans le Sud Est l’été). Toutes les saisons seront plus chaudes. Cela est acquit, car cela dépend des émissions de CO2 passés. Pour l’après 2050, tout dépend de notre faculté à faire baisser notre production de CO2 actuellement (mais pas en France, dans le monde entier – nous dépendons des autres, les autres dépendent de nous). (Si on ne change rien, d’ici 2071-2100 le réchauffement moyen en France atteindra +3.6°c en hiver et +5.3°c en été (avec des canicules de +8°c !).)
     Si on change radicalement nos mode de vie (c'est-à-dire une vie plus sobre, moins dépendante des énergies fossiles), les hausses de températures atteindraient +0.9°c en hiver et +1.3°c l’été. Ce qui déjà ne passera pas inaperçu !
Coté précipitation, il pleuvra autant en automne qu’en hiver. En Bretagne nous allons gagner +5% en précipitation. Les printemps et étés seront plus chaud et plus sec. On peut deviner qu’il n’y aura que 2 saisons. Voire tomber de la neige en France va devenir rare.
Le débit des rivières va changer. Il baissera plus fortement qu’aujourd’hui l’été et montera plus fortement l’hiver.
     Les réserves d’eau des nappes souterraine (l’eau potable) vont diminuer partout en France. D’autant plus qu’il y aura de plus en plus recours a l’irrigation pour les cultures.
Le niveau de la mer va s’élever de 26 cm à 82 cm d’ici 2100. Mais cela va varier en région suivant plusieurs facteurs (température de l’océan, courants marins, etc.). Sur la côte le risque d’inondation va être plus élevé. La France sera même le pays d’Europe le plus touché par les inondations sur les côtes. 

     En agriculture, les gelées moins fréquentes et les stresses hydriques sont des facteurs qui vont devenir très influents. Le sud de la France va pouvoir voire ses rendements céréales baisser de 40%. Moitié nord, la production des blés va pouvoir être plus favorable (notamment avec l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère ce qui favorise la croissance des végétaux). Le maïs ne sera sans doute plus cultivable dans le Sud Ouest. Dans le Nord les conditions seront propices à la culture de : colza, tournesol, pomme de terre, orge, sorgho. Il va falloir avancer les dates de semis et de récolte des blés et utiliser des variétés de cycle plus long d’ici 2030. La lutte contre maladies, parasites et adventices va être plus loquace. Le vin va changer de goût et va évoluer vers des goûts plus sucré et moins acide. Mais dans le sud, peu à peu il sera de moins en moins possible à la vigne de résister aux sécheresses. Pour lutter il faut greffer aujourd’hui les vignes (et autres fruitiers) sur les portes greffes résistants à la sécheresse et travailler sur les couverts du sol. Pour l’élevage attention aux coups de chauds. Les maladies par exemple type fièvre catarrhal chez les moutons seront favorisées.
De même pour les maladies transmissibles par les tiques.
      La forêt française va profiter du changement climatique (grâce au CO2 dans l’atmosphère notamment). Mais les risques de feu de forêt seront accentués dans le sud. Sur la façade atlantique, les risques de tempêtes augmenteront. Certaines habitudes de plantations sont à changer aujourd’hui pour favoriser des espèces moins sensibles aux éléments du changement. En Bretagne on annonce la disparition du Chêne pédonculé. D’autres espèces comme le chêne vert ou le chêne pyrénéen prendront peu être le relais. Le châtaignier sera aussi de plus en plus sensible aux changements. Le pommier risque d’être touché lui aussi.
Nos plantations d’aujourd’hui peuvent être déterminantes pour le paysage de demain !
L’activité touristique devra évoluer dans les prochaines années. Les loisirs « nature » devront s’adapter aux paysages et aux météos changeantes.
Une région comme la Bretagne va se voire de plus en plus attractive. Car son climat sera plus « confortable » que dans la moitié sud du pays. Mais la Bretagne ne sera pas assez grande pour accueillir tout le monde. Car il faudra bien conserver de l’espace pour produire la nourriture. 

La Biodiversité en plein changement ! 

     La Biodiversité en France va s’appauvrir ? Le Muséum d’Histoire Naturel (MHN) et son Service Patrimoine Naturel (SPN) viennent de sortir en octobre 2014 un rapport sur « le changement climatique et les réseaux écologiques – point sur la connaissance et piste de développement ». Ce document présente les informations sur les capacités d’adaptation de la biodiversité face au changement climatique.
Depuis toujours, la météorologie et le climat influent sur l’écologie et la biologie des espèces animales et végétales. De nombreuses espèces sont très dépendantes des températures et de l’hygrométrie.
- Les homéothermes sont des espèces dont la température corporelle est constante.
Par exemple, les amphibiens régulent la température de leur corps au moyen de la chaleur extérieure (le soleil par exemple). Ils rentrent en léthargie à l’ abri quand les températures extérieures ne permettent plus cette régulation.
- Les hétérothermes comme la marmotte, rentrent en hibernation à la saison hivernale car ils ne trouvent plus de nourriture. ils cessent de réguler leur température volontairement pour économiser leurs réserves métaboliques. Les marmottes
« s’endorment » pour passer la mauvaise saison.
- Les poïkilothermes ne peuvent pas réguler la température de leur organisme. Ces espèces comme les chauves souris (ou tous les invertébrés) plongent en léthargie quand la température de leur environnement est trop basse.
- La flore n’adapte pas sa température. Quand la température extérieure n’est plus adaptée, elle ne peut plus croître (et vivre). Les plantes sont annuelles quand elles accomplissent leur cycle entier (de la germination à la reproduction) dans 1 saison avant de mourir. Elles sont bisannuelles dans le cas ou ce cycle s’étale sur 2 saisons (avec un repos en hivers). Elles sont enfin vivaces quand elles ne s’arrêtent pas de se développer sur plusieurs saisons. Dans les 3 cas, elles sont tout de même limitées sur un écart entre une certaine température minimum et une température maximum de leur environnement extérieur. Elles meurent quand les températures extérieures dépassent ces écarts.
     
     Pour évoluer dans l’espace, les animaux se déplacent en fonction de plusieurs paramètres. Bien sur certains volent, certains marchent, certains rampent mais d’autres facteurs sont nécessaires à leurs déplacements.
- L’environnement : les milieux aquatiques ou terrestres sont des facteurs de déplacements. Si un poisson veut sortir de sa mare, il ne peut le faire tout seul ! un écureuil peu sortir de son bois et traverser un champ pour atteindre un autre bois.
Mais l’écart entre les 2 bois ne peut être trop important.
- La nourriture : les animaux pour se déplacer on besoin de réserves en nourriture tout le long de leur cheminement de déplacement.
- La saison : les animaux sont formâtés par les saisons notamment les périodes de reproductions. A cette période cruciale pour la survie de l’espèce, certaines conditions sont nécessaires. Ce ne sera pas les mêmes qu’a la période de repos hivernale.
- La météo : une journée de pluie va contraindre certains insectes par exemple, de rester à l’abri. Un batracien sera plus de la sortie quand il pleut !
     
          Pour évoluer dans l’espace, les plantes ont recours à des intermédiaires. Un chêne ne se déplace pas. Ce sont ses fruits qui seront déplacés par, par exemple, un oiseau comme le geai des chênes. Mais la propagation des glands ne se fera utile qu’à la saison ou ils sont « murs ».
Ainsi la répartition des espèces est influencée par la météo et le climat. Chacun pousse ou évolue suivant les conditions qui lui sont nécessaires pour leur cycle de vie. La météo et le climat définissent aussi leurs interactions avec les autres espèces. Car un animal a besoin d’un autre animal ou d’une plante pour se nourrir. On voit alors que les changements de météo et de climat vont influer sur la biodiversité dans son ensemble. Certaines espèces (la majorité) vont devoir déplacer leur aire géographique. Pour cela ils devront trouver les conditions nécessaires à ce déplacement. Depuis des millénaires cela a été le cas. Le changement problématique aujourd’hui est dans la rapidité d’adaptation climatique que les espèces pourront développer. Un effet de retard est particulièrement mis en évidence pour certaines espèces moins mobiles. Des espèces dites spécialisés (a des conditions particulières de milieux et de conditions de vie) vont être plus impactées. Les espèces à petits effectifs (espèces rares) sont encore plus vulnérables. Des espèces risquent donc de disparaître. Mais c’est l’ensemble des chaînes alimentaires qui vont peut être changées. En effet devant la disparition de certaines proies, certains animaux prédateurs s’attaqueront à de nouvelles espèces pour se nourrir. L’ensemble du réseau écologique va être bouleversé rapidement. Les écosystèmes vont changer !
     Des espèces « exotiques » colonisent certains milieux depuis plusieurs dizaines d’années. Si ces espèces ont généralement été introduites par l’homme (sous forme accidentelles le plus souvent), les changements climatiques leurs sont généralement favorables. Ces espèces devraient petit à petit prendre une grande place dans notre biodiversité au détriment des espèces endémiques (dites locales). Il va nous falloir s’adapter car ces espèces généralement envahissantes vont modifier nos habitudes.
     
     En résumé le changement climatique va faire évoluer la biodiversité sur la physiologie (photosynthèse, respiration, évapotranspiration), la phénologie (rythmes du cycle de vie), la distribution géographique, les effectifs de population, la génétique (adaptations). Sur les habitats vont évoluer avec les sécheresses, la variation du niveau des eaux et mers, les conditions des eaux et des sols (eutrophisation, PH), l’enneigement et la fonte des glaciers, les catastrophes naturelles (inondations, tempêtes, incendies), l’érosion des cotes etc.
Un gros handicape est de plus que notre environnement est très dégradé aujourd’hui. L’environnement est de plus en plus fragmenté avec l’activité humaine (principalement l’agriculture intensive et l’urbanisation). Les corridors ont disparus par endroit. Nous appelons corridors, les voies (« routes ») empruntées par la vie sauvage pour se déplacer. Ces corridors sont des éléments de végétation (le plus souvent) qui permettent de faire le lien entre les milieux recherchés par les espèces pour leurs déplacements. Aussi les haies bocagères sont des corridors. Mais à plus grand échelle sur le territoire, les forêts, les zones humides, les friches le sont aussi ! Ces corridors offre la possibilité de résistance et de résilience à la biodiversité.
     La protection de la biodiversité, la restauration des corridors et des milieux sensibles, mais aussi des milieux dits « banales » (que l’on a oublié ces dernières années, ex : le bocage) vont devenir des enjeux encore plus importants pour répondre aux effets du changement climatiques sur les écosystèmes et donc sur l’environnement de vie de l’espèce humaine. Mais les scientifiques évoquent aussi le recours à des méthodes de migrations assistées pour sauver certaines espèces (pour éviter leur disparition).
Si les corridors doivent être protégés et reconstruits, il nous faudra respecter 2 modèles pour qu’ils interviennent efficacement suivant la théorie de Demain : protéger la biodiversité avec sa répartition actuelle, et celle de demain : Deux types de corridors peuvent alors cohabiter : des corridors « pour le présent », basés sur la liaison de milieux cohérents actuellement, et des corridors « pour le futur », basés sur le déplacement modélisé par le climat de demain.
Les corridors, c’est aussi l’agriculture de demain. Elle doit impérativement prendre les rennes pour protéger la biodiversité et les écosystèmes, les restaurer, les diversifier, tout en produisant une alimentation diversifié et de qualité. Les fondamentaux de la Permaculture et de l’Agroécologie paysanne doivent aujourd’hui guider les nouvelles politiques agricoles et économiques !

     Encore plus la protection de l’environnement, la lutte contre les pollutions et l’artificialisation des terres et l’étude naturaliste et scientifique vont devenir des enjeux majeurs pour se préparer à Demain. La convergence entre les différentes énergies du monde citoyen doit aujourd’hui devenir prioritaire. Se retrousser les manches oui, mais en cohérence et ensemble !
     Les écoles paysannes sont une voie intéressante pour converger paysans, citoyens, naturalistes et scientifiques, et le monde de l’artisanat et de l’industrie. Tous les hommes de terrain doivent travailler ensemble et en cohérence. Si des idées nouvelles doivent fleurir, nous avons depuis plusieurs décennies, les clefs pour se préparer à demain. Encore plus aujourd’hui, il est urgent de les enclencher pour avancer positivement vers l’avenir.
Préparer l’avenir, c’est aussi préparer nos enfants. Si des efforts importants doivent être fournis au monde des adultes, l’éducation et l’enseignement de nos enfants doivent aussi changer. Les liens et le respect entre les humains et leurs différences sont des valeurs des plus importantes. « L’amour de son prochain » sera un bouclier contre toutes les difficultés de notre siècle ! 

(À suivre…) 


Mikael HARDY, Ecole Paysanne 35
(décembre 2014)

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