Une réforme agraire est une réorganisation de la production agricole et donc alimentaire.
Régulièrement, en fonction de l'évolution de la population, nous devons nous poser la question de l'organisation de la production agricole, pour répondre aux besoins de la population.
Le monde évolue et une réforme agraire libérale est en marche aujourd'hui; elle maltraite les paysans et menace la souveraineté alimentaire.
L'école paysanne propose aujourd'hui une réforme agraire humaniste, qui place l'humain au centre.
http://www.radiolaser.fr/L-ecole-paysanne-pour-un-monde-collectif-01-02_a13992.html
Une Réforme Agraire, pourquoi, comment ?
discours n°1
Les
prévisions de la FAO sur la sécurité alimentaire mondiale sont de
plus en plus pessimistes et des agronomes comme Pierre Rabhi
annoncent des crises alimentaires sévères pour les décennies à
venir.
Ces
crises vont bien entendu toucher d'abord les pays pauvres mais des
enchainements d'évènement géopolitiques laissent à penser que nos
pays occidentaux seront touchés aussi. La situation est déjà très
tendue en Grèce et dans une moindre mesure au Portugal et en
Espagne.
La
crise économique qui ne faiblit pas, la montée du fascisme dans
presque tous les pays européens, mettent en évidence les fragilités
de l'Europe.
Parallèlement,
le continent asiatique et particulièrement la Chine, occupe une
place de plus en plus importante sur la scène mondiale. Non pas que
cela soit dommageable ! C'est normal que ça tourne !
Mais
cela implique une nécessaire remise en cause de l'organisation de
notre société. L'Europe n'est pas riche en matières fossiles
(pétrole, gaz) et à moyen terme il sera difficile pour nous de
vivre au dessus de nos moyens, comme nous le faisons actuellement.
Bientôt,
c'est l'Asie qui captera les richesses de ce monde à notre place et
notamment le pétrole.
Il
est donc impératif que nous nous préparions à ce nouveau monde.
Que nous anticipions les choses pour éviter la brutalité et la
misère qui souvent accompagnent ces changements de civilisation.
La Réforme Agraire est une proposition pacifiste pour accompagner cette
évolution inéluctable et aider à résoudre les problèmes majeurs
de notre société (chômage, logement, délinquance, pollution). Je
ne parle pas d'un monde parfait, la perfection n'existe pas et n'est
pas souhaitable. Mais faire un peu mieux que ce que l'on fait actuellement ça c'est possible.
Imaginons
ce que cela donnerait d'installer 500 000 paysans.
Pour
ceux qui trouvent que ça fait beaucoup pensez aux 8 millions de
précaires et pensez aux régions désertifiées de notre pays.
Prenons
un exemple à petite échelle, imaginons que l'on crée un village
(dans la Beauce ou en Ardèche) et que l'on y installe 60 paysans :
D'après
les statistiques de l'INSEE, il y a 35 % de célibataires en
France et une moyenne de 2 enfants par famille.
60
P = 21 célibataires
39 familles = 78 enfants
sous-total
= 177 personnes
si
l'on veut scolariser les enfants, avec une moyenne de 20 enfants par
classe on a :
4
classes = 4 instituteurs
=
2 cuisiniers
=
2 personnels de ménage
=
2 administratifs
=
1 surveillant
sous-total
= 11 emplois
parmi
ces 11 personnes supplémentaires :
=
4 célibataires
=
7 familles = 28 personnes dont 14 enfants =1 classe = 1
instit.......
sous-total
= 32 personnes = 1 emploi
total
général 220 personnes = 1 village qui nécessite :
1
doc
1éboueur
1
facteur
1
électricien
1
plombier
1charpentier
1
café
1
secrétaire de mairie
1
informaticien
1
ophtalmo
1
dentiste
1
assistante maternelle
1
flic
1
mécanicien
1
employé communale
1
tailleur de pierre
...
soit
plus ou moins une quinzaine d'emplois supplémentaires, soit :
5
célibataires
10
familles = 40 personnes = 20 enfants = 1 classe = 1 instituteur
sous-total
= 46 personnes = 1 emploi
…
…
Dans
notre exemple
60
paysans ont générés : 60+11+1+15+1 = 88 emplois
Il
faut évidement prendre le temps d'affiner ces calculs mais on peut
se permettre de dire que 500 000 paysans entraineraient environ 250
000 emplois supplémentaires, soit 750 000 emplois au total.
Si
on installe 1 million de paysans, comme l'a suggéré notre ancien
porte parole Régis Hochart au congrès de la CP il y a 2 ans, cela
équivaudrait à 1,5 millions d'emplois.
Sur
4 millions de chômeurs actuellement, ce n'est pas négligeable !
La
paysannerie est toujours (et ce dans toutes civilisations) la base de
l'économie .
En
réinstallant en masse des paysans on relance donc l'économie
nationale et pas n'importe quelle économie, une économie locale,
respectueuse des hommes, de la nature et des ressources naturelles,
notamment fossiles.
Pourquoi
employer des mots tels que Réforme Agraire ?
Ils
peuvent faire peur mais il faut appeler un chat un chat. Le défis
majeur de notre société est de dés-urbaniser la population.
Les
grands problèmes de notre société sont liés à la surpopulation
urbaine. On entasse trop de personnes sur un espace limité avec des
ressources limitées (emploi, logement, air potable...).
L'objectif
premier de la Réforme Agraire ( et c'est pour cela que c'est une
réforme) c'est de repenser la répartition de la population sur le
territoire.
Cette
notion est fondamentale car la répartition de la population sur un
territoire dicte la manière dont les Hommes vivront ce territoire.
Or
aujourd'hui, il y a une cassure dans notre unité territoriale, le
cœur de la France est quasi vide. Cela engendre une cassure de notre
unité nationale.
C'est
pour cela que le FN ne cesse de progresser, car c'est le seul parti a
vraiment proposer un programme d'union nationale.
La
Réforme Agraire se veut une autre voie, pacifiste, pour refonder
notre unité nationale.
En
repeuplant le centre de la France nous réinstallons du service
public et par là réaffirmons la continuité de l’État et de la
République, partout, pour tous.
Cette
notion d'unité nationale ne doit pas être prise à la légère car
c'est ce sentiment d'union qui fait qu'un groupe d'individus choisit
de vivre ensemble, pacifiquement.
Cette
Réforme est aussi Agraire car elle induit une redéfinition du
statut de paysan. Les grecs anciens appelaient les paysans :
« les gardiens de la cité », parce qu’ils prennent
soin de la Terre et des Hommes en produisant de la nourriture.
Notre
métier n'est pas anodin, il nous donne une responsabilité vis à
vis de nos concitoyens. C'est cette responsabilité qui nous valorise
aux yeux de nos concitoyens.
Redéfinir
le statut de paysan c'est aussi repenser la manière dont on pratique
l'agriculture. Parlons vrai : il n'y a déjà presque plus de
paysans en France. Nous sommes quasiment tous des agri-manageurs ;
la taille de nos fermes, les investissements et la charge de travail
qui va avec, nous enchainent. Or c'est aussi l'amour de la liberté
qui nous a conduit vers ce métier.
Une Réforme Agraire implique donc de redonner de la
liberté dans la manière de s'installer paysan. C'est cette liberté
qui garantira que l'on trouve au moins 500 000 volontaires.
Sur
les 8 millions de précaires actuels, 25 % sont des jeunes de
moins de 25 ans. Certains traitent ces jeunes de fainéants mais
c'est faux. Ces jeunes ( et les moins jeunes) ne refusent pas de
travailler mais ils veulent un travail et une vie qui ont du sens.
Notre
métier est à la base chargée de sens mais il est pris aujourd'hui
dans une logique ultralibérale qui pousse à la production, à
l'endettement, à la surcharge de travail. Pour retrouver du sens il
faut aller vers une agriculture familiale, paysanne et , oui j'ose le
dire, vivrière.
Nous
répétons à travers le monde avec Via Campesina, que pour assurer
la souveraineté alimentaire des pays pauvres, il faut défendre
l'agriculture vivrière plutôt que l'agriculture d'exportation.
Pourquoi en serait-il autrement chez nous ?
Bien
entendu cette agriculture vivrière ne rentre pas dans les cadres
habituels de l'installation, notamment en terme de revenus. Mais
regardons les choses en face : les évènements géopolitique et
naturels nous contraignent peu à peu à baisser notre niveau de vie.
Penser
que nos enfants vivront mieux que nous est malheureusement devenu une
illusion. Les futurs paysans gagneront bien moins que les
agri-manageurs actuels mais il est à craindre que si l'on ne fait
rien la situation soit bien pire.
Cependant,
si l'Agriculture Vivrière n'est pas viable aujourd'hui c'est aussi
parce qu'elle n'est pas aidée et parce que les prix des denrées
alimentaires sont trop bas. Si l'on rémunérait les paysans à leur
juste valeur il faudrait multiplier ces prix par 2 ou 3. Mais la
Politique Agricole est devenue aux fils des années une Politique
Alimentaire.
La
pression du chômage interdit aujourd'hui une augmentation de
salaires équivalente à celle des prix, mais si l'on crée 1,5
million d'emplois grâce à la Réforme Agraire on offre une
incroyable occasion aux syndicats ouvriers de faire valoir leurs
revendications.
Pour
lancer la Réforme Agraire, proposition de 3 pistes de travail :
- le recrutement :* investir les villes pour promouvoir notre métier (Pôle Emploi, banlieues, lieux alternatifs, …)* renforcer et soutenir le mouvement des Sans Terre qui est né cet été en France.
- La formation :* mobiliser le Ministère de l'Agriculture pour ouvrir des classes en lycée agricole avec le personnel nécessaire et assurer la diversité des enseignements ;* mobiliser Pôle Emploi pour assurer une prise en charge totale des formations agricoles pour tous les chômeurs et précaires.* Création d'un statut de « paysan-formateur »pour assurer une vraie formation au jeunes paysans (stage minimum d'un an en exploitation agricole)pour répondre en partie aux problèmes de main d’œuvre dans les campagnes.
- La redéfinition de la propriété foncière :
La
propriété foncière découle de la propriété privée. Au
lendemain de la Révolution elle a paru être le summum de la
liberté. Mais en ce début de 21ème siècle elle est le fer de
lance de tout ce qui nous oppresse :
- difficulté d'accès à la terre et à tous les moyens de production
- maltraitance des salariés par les propriétaires du capital.
Tout
autour de nous aujourd'hui, les intérêts de quelques uns écrasent
les intérêts du collectif en se protégeant derrière la notion de
propriété privée.
Si
nous voulons un autre monde nous devons changer cet état de fait.
Les
besoins vitaux de l'humanité (air, eau, nourriture=sol, logements)
devraient être gérés dans l'intérêt du collectif.
En
ce qui concerne la gestion du sol, les propositions d'Edgar Pisani
dans son « Utopie Foncière » vont dans ce sens (gestion
collective et locale par le biais des Offices Fonciers Régionaux).
Il
est prévu par la loi que l 'État puisse réquisitionner des
terres au nom de l'intérêt général.
Et
oui les plus grandes fermes doivent lâcher de la terre !
Oui
ce sont des mots forts, mais il ne s'agit pas d'y aller avec les
fourches.
C'est
plutôt lancer une idée. Une idée concrète sur ce que pourrait
être cet autre monde possible.
Une
idée pas juste pour nous, les paysans ; la Réforme Agraire se veut
une porte d'entrée pour une prise de conscience générale de la
société qu'il est dans son intérêt de repenser la Propriété
Privée. Pour bâtir avec nos partenaires (ATTAC, syndicats
ouvriers, organisations environnementales, de consommateurs...) un
projet de société, un projet politique, un projet de gauche.
Clarisse Prod'homme, école paysanne 35
Clarisse Prod'homme, école paysanne 35
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